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Protection des mineurs en ligne : faire rimer sécurité avec respect de la vie privée

mai 2025 par Clément Walter, PhD en Mathématiques, Co-Fondateur de Kakarot, Startup Française de Zero Knowledge et Jérémy Beaufils, Directeur de la Chaire Digital Disruption de l’ESSEC Business School

Les récentes prises de paroles publiques proposant l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans témoignent d’une préoccupation légitime : celle de protéger notre jeunesse face à des contenus dont l’impact sur leur santé mentale et leur développement suscite de sérieuses inquiétudes. Si la volonté de protection est louable, la voie de l’interdiction totale n’est ni la seule, ni nécessairement la plus efficace. Une approche alternative, fondée sur l’innovation technologique et le respect des libertés individuelles, mérite d’être considérée.

La question de la vérification de l’âge cristallise les tensions. Comment s’assurer qu’un utilisateur a bien l’âge requis sans l’obliger à divulguer des données sensibles ? Ce défi trouve aujourd’hui une réponse concrète grâce aux preuves à divulgation nulle, ou zero-knowledge proofs (ZKP). Cette technologie cryptographique, éprouvée dans des secteurs critiques mais moins connue du grand public, qui permet de prouver une information – ici, avoir plus de 15 ans – sans révéler ni la date de naissance, ni aucune autre donnée personnelle.
Cette solution élégante et sécurisée est déjà connue des grandes plateformes : Google a intégré les ZKP dans son Wallet (1) en mai 2025. Sa collaboration avec Bumble (2) confirme que ces technologies sont matures et prêtes à être généralisées. De leur côté, certaines applications comme Instagram ont mis en place des "Comptes Adolescents" (3) avec des restrictions adaptées.

Il est probable qu’une interdiction pure encouragerait les contournements, exposant les jeunes à des environnements moins régulés, et donc plus risqués encore. Une régulation trop intrusive serait contre-productive, poussant les adolescents à dévoiler davantage de données personnelles à des plateformes tierces, ou à recourir à des moyens détournés pour se soustraire aux vérifications. C’est pourquoi nous appelons de nos voeux une régulation intelligente qui s’appuie sur des technologies qui concilient protection et respect de la vie privée.

Ce n’est pas ici une tentative illusoire d’imposer un standard français à des entreprises étrangères sur lesquelles nous n’avons que peu de prise. Il s’agit de les encourager à continuer d’adopter des solutions telles que les ZKP qui servent les intérêts des utilisateurs tout en mettant a contribution les cadres existants, les référentiels de l’ARCOM (4) ou le règlement européen eIDAS2 (5) servant de guides.

La récente réunion organisée par la ministre déléguée au numérique, rassemblant associations de protection de l’enfance, opérateurs télécoms et représentants des grandes plateformes témoigne d’une dynamique encourageant l’industrie à se rapprocher et à réfléchir ensemble à des solutions complémentaires, dans une démarche collaborative que nous soutenons pleinement.

La France a l’opportunité de promouvoir un modèle qui place la protection des données personnelles au même niveau que la protection contre les contenus inappropriés, dans une vision cohérente de la citoyenneté numérique. Une vision où nos enfants ne sont pas seulement protégés des risques, mais aussi équipés pour exercer dans le temps long leurs libertés de manière responsable.

Notre vie est désormais partagée entre le réel et le numérique, et c’est dans ces deux espaces que nous devons permettre à notre jeunesse de s’épanouir en toute sécurité.


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