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Alexandre Leforestier, Panodyssey : Nous souhaitons devenir une alternative européenne aux réseaux sociaux américains et chinois

septembre 2024 par Marc Jacob

La sécurité numérique est au cœur de la société de l’information aujourd’hui. Dans ce contexte le rôle du législateur est fondamental afin de garantir aux usagers à la fois la sécurité, la conformité et le respect de la vie privé. Sans compter que l’émergence des réseaux sociaux souvent met en danger la vie privée des utilisateurs qui à leur insu ou non communiquent à ces organisations leurs données confidentielles. Ainsi Panodyssey se veut une alternative aux réseaux sociaux américains et chinois afin de garantir une meilleure protection en matière de données personnelles comme l’explique Alexandre Leforestier, Président et co-fondateur de Panodyssey, un réseau social dédié à l’écriture créative qui aide les auteurs à partager leurs créations avec le plus grand nombre de façon sécurisée et éthique.

Portrait réalisé par Jean-Baptiste Millot Copyright 2018.

Global Security Mag : Quelles mesures devraient être prises pour garantir la sécurité des utilisateurs ?

Alexandre Leforestier : Pour garantir la sécurité des utilisateurs, plusieurs mesures doivent être mises en place. Tout d’abord, il est essentiel d’établir une certification approfondie des comptes pour les individus et les organisations. Cette certification doit être conforme au RGPD et se concentrer sur le traitement des informations à la source. En valorisant et responsabilisant les créateurs, et en informant les publics de manière transparente, on peut instaurer une confiance mutuelle.
Du point de vue technique, il est important de mettre en place des workflows et des processus adaptés aux différents cas d’usage et profils, qu’il s’agisse d’auteurs auto-édités, de journalistes ou d’organisations. Chaque type de compte nécessite des exigences spécifiques, ce qui est pris en compte dans l’étape de certification des comptes.
Nous développons et gérons nous-mêmes les outils de certification, sans recourir à la sous-traitance, ce qui nous permet de porter la responsabilité de ces outils. Cette approche protège également les personnes exposées et non-exposées dans le domaine de la littérature, y compris les noms de plume, qui peuvent également être certifiés. La protection des marques est également assurée, chaque marque étant certifiée pour garantir sa sécurité.
Pour les journalistes et les lanceurs d’alerte, il est crucial de permettre la publication anonyme. Nous avons donc développé des fonctionnalités garantissant un anonymat sécurisé, accompagné de processus de nettoyage pour se protéger des attaques.
Enfin, lorsqu’un utilisateur télécharge un document administratif, celui-ci est hébergé temporairement sur des serveurs OVH. Les documents ne sont stockés que le temps nécessaire pour le contrôle et sont ensuite supprimés, garantissant ainsi la confidentialité des informations.
Ces mesures visent à créer un environnement sécurisé et de confiance pour tous les utilisateurs.

Global Security Mag : Quelle est votre vision des réseaux sociaux aujourd’hui ? Y a-t-il de la place pour des réseaux sociaux de niche et qui ne soient ni américains ni chinois ?

Alexandre Leforestier : Depuis un quart de siècle, les réseaux sociaux, lancés par des figures comme Mark Zuckerberg, Elon Musk et Zhang Yiming, ont transformé l’attention des utilisateurs en un business lucratif mais problématique. Exploitant les faiblesses psychiques humaines, ces plateformes se sont développées à une vitesse fulgurante, amplifiant la vente de données et la diffusion de fausses informations.
Ce transfert de l’attention des médias traditionnels vers les réseaux sociaux a appauvri la presse écrite, la radio et la télévision, aggravé par la chute des revenus publicitaires. Les médias, devenus dépendants des plateformes, servent souvent des intérêts économiques ou politiques.
Sociétalement, les réseaux sociaux, en promouvant des contenus courts et stressants, érodent l’esprit critique et les liens sociaux des utilisateurs. Le cyber-harcèlement, encouragé par l’anonymat en ligne, a des conséquences graves, allant jusqu’à la mort.
Il est crucial de changer nos comportements numériques pour éviter ces impacts négatifs. Les acteurs politiques, en particulier en France, doivent adopter des solutions éthiques et responsables.
La question essentielle est de savoir si nous souhaitons continuer avec des réseaux sociaux dysfonctionnels ou créer des plateformes plus humaines et respectueuses. C’est dans cette optique que nous avons créé Panodyssey, un réseau social de confiance et une alternative à TikTok.

Global Security Mag : Comment garantir la transparence totale de la part des plateformes ?

Alexandre Leforestier : Pour garantir la transparence totale des plateformes, plusieurs mesures doivent être mises en place :
Sanctionner les dirigeants des réseaux sociaux : Il est essentiel que les dirigeants des réseaux sociaux soient tenus responsables de leurs actions par la justice. Il faut renforcer le système punitif et pénal pour garantir le respect des réglementations. Les rappels à l’ordre de l’Europe et de la Commission Européenne ne doivent pas être les seuls outils de régulation.
Mettre en place des processus ouverts et transparents : La transparence dans l’intelligence artificielle et le numérique est souvent manipulée. Chez Panodyssey, nous adoptons une approche totalement ouverte. Par exemple, en matière de propriété intellectuelle, nous mettons en place des processus technologiques avec des registres certifiés et horodatés pour protéger les auteurs et informer les publics sur qui a fait quoi.
Sur le plan transactionnel, Panodyssey permet l’ouverture d’un portefeuille électronique pour monétiser des contenus. Concernant, la fiscalité, il est crucial de ne pas se cacher derrière des antennes au Luxembourg ou en Irlande. Nous devons être responsables et payer les taxes dans le pays où l’entreprise est implantée. Chez Panodyssey, nous ne manipulons pas le cadre fiscal et nous rendons accessibles toutes les factures et dispositifs financiers, mettant en lumière toute la chaîne de valeur (auteur, organisme de paiement, TVA, Panodyssey, etc.). Cela doit être lisible, accessible et simple.
Donner le contrôle aux utilisateurs sur les algorithmes : Les algorithmes des réseaux sociaux enferment souvent les utilisateurs dans des bulles. Chez Panodyssey, l’utilisateur est acteur et décide de ce qu’il souhaite voir. Nous expliquons au public comment fonctionnent les algorithmes, offrant ainsi une dimension pédagogique. C’est un changement total de paradigme.
En appliquant ces trois points, nous pouvons véritablement parler de transparence.

Global Security Mag : Comment les plateformes de réseaux sociaux peuvent-elles contribuer à établir un nouveau standard numérique dans le secteur des plateformes de contenus créatifs ?

Alexandre Leforestier : Le sujet de l’établissement des standards est un sujet essentiel. Je connais particulièrement ce sujet car j’y ai contribué dans l’industrie de la musique en ligne mettant en place des interopérabilités.
Il est crucial d’aborder ce sujet avec une approche philosophique. Doit-on ignorer la réglementation et les opérateurs économiques, ou bien adopter une posture collective en réunissant les parties prenantes et les opérateurs pour harmoniser l’espace internet ?
En fonction des secteurs, les problématiques ne sont pas les mêmes. Si dans l’industrie de la musique, un travail de fond a été engagé depuis plusieurs années, dans le domaine de l’écrit en ligne (presse, littérature, publications pédagogique) tout reste à faire.

Pour ce faire, la création de standards est essentielle. Chez Panodyssey, nous y participons avec l’aide de la Commission Européenne qui finance notre programme d’innovation grâce à Europe Creative Innovation Lab. Celle-ci a compris les enjeux auxquels nous faisons face depuis plusieurs années et mis en place des programmes qu’elle finance en créant des standards par secteur et sous-secteur. Il se trouve que Panodyssey est l’un des opérateurs qui a été choisi dans le domaine de l’écrit pour participer à définir de nouveaux standards, de nouveaux protocoles des éditeurs de presse, des éditeurs de livres et créer ces nouvelles normes pour connecter des catalogues, des services et des objets connectés, en toute transparences.

Global Security Mag : Quel peut-être le rôle des institutions dans la régulation des réseaux sociaux ?

Alexandre Leforestier : Le rôle des institutions dans le secteur numérique est indispensable. Depuis 15 ans, la place des GAFAM ne fait que se renforcer dans le temps. La situation est de plus en plus inquiétante, d’où la nécessité de mettre en place un nouveau système pour faire émerger de nouvelles normes.
De mon point de vue, les institutions sont le dernier rempart pour mettre de l’ordre. En Europe, la Commission Européenne et les différentes parties prenantes ont mis en place un certain nombre de directives concernant la propriété intellectuelle, la protection des créateurs, l’IA, la reconnaissance du droit voisin des organes de presse Ces directives sont indispensables mais ne suffisent évidemment pas. Il faut que les opérateurs, les entreprises, les associations et les institutions françaises s’impliquent concrètement en utilisant des outils Made in Europe. A mon sens, il faut faire évoluer les mentalités, particulièrement en France pour inverser les paradigmes et réconcilier éthique et numérique.

Il existe des dynamiques. Par exemple, l’Europe nous a permis de lancer 3 consortiums dont un avec les principaux acteurs de l’audiovisuel public européen dont France TV, Arte, la RTBF, EBU et Orange.


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